Mai - Juin 2015 : Porto - Lisbonne - Madère - Agadir

De PORTO à LISBONNE : marina de CASCAIS

Le 9 mai 2015, nous reprenons la mer avec Yves. Destination Cascais.

La sortie du Douro est très agitée (« barre » devant la digue) mais la navigation vers Lisbonne se passe sans encombres.

En route, ce n'est pas un pigeon voyageur (comme celui qui avait passé la nuit sur le bateau au milieu du Golfe de Gascogne) qui nous accompagne, mais une jolie petite hirondelle qui a l'air bien fatiguée et préfère rentrer se mettre à l'abri dans le carré... puis dans le cockpit à l'abri du vent, pendant quelques heures...

Sinon, peu de rencontres à part quelques dauphins sur la fin, mais pas longtemps...

Mouillage devant le port de Cascais pour la première nuit puis entrée dans la marina pour y passer les 4 nuits suivantes.

Visites, repos, promenade dans cette belle petite ville balnéaire de Cascais....

Une journée est consacrée à la visite de capitale Portugaise à portée de train de banlieue… ville typée !!! En tous les cas, les Portugais sont vraiment des gens charmants, même dans les grandes villes !!!

De LISBONNE à MADÈRE :

Le 15 mai, nous appareillons pour Madère. 4 jours et 3 nuits de navigation au portant dans une mer très creusée et courte nous attendent.

Le rail des cargos au large de Lisbonne, la première journée, n’a pas été trop dur à passer.

Quelques soucis en route, probablement dus aux secousses auxquelles nous sommes soumis : la balancine du grand mât se détache du point d’écoute et va s’entortiller dans le haut de la mâture et finit par coincer le Génois qu'on ne peut plus enrouler ou dérouler !! Yves se propose de monter au mât pour régler le problème mais renonce à cause de la houle et du manque de matériel adapté (on a un harnais de montagne mais il nous faudrait un harnais avec anneau au niveau des épaules ne permettant pas de basculer).

PORTO-SANTO :

Nous arrivons à Porto Santo le 19 mai en tout début d’après-midi bien fatigués de ces 4 jours à l'intérieur d'une "machine à laver" ! En rentrant dans la baie de Porto Santo où nous pensions être enfin protégés, des rafales de vent décuplées par les trous dans le relief s’engouffrent dans la voile mal pliée (le fameux génois coincé par le bout entortillé autour!) et fait vibrer toute la matûre ! Nous avons hâte de nous mettre à l’abri…

Nous enroulons le génois comme on peut avec la drisse de spi. Nous mouillons devant le port …. Puis déjeuner …. Puis sieste …. qu’Yves prendra pour une nuit complète. On le retrouve en train de prendre son petit déjeuner à 19h30, complètement déphasé.

Le lendemain matin, nous entrons au port ….. douches, bières fraîches, repos.

Yves, maintenant reposé monte courageusement dans le mât où il reste une heure démêler tous nos bouts emmêlés dans l'étai !

Il prend aussi le temps, maintenant qu'il est sur la terre ferme, de fêter son nouveau statut de grand-père, une nouvelle qu'il a reçue pendant notre traversée si mouvementée...

Après l'effort , le réconfort : le nouveau grand-père régale la troupe à l'unique restaurant, au style futuriste, de ce petit port : un bon point pour ce restaurant de qualité! On recommande... C'est accueillant et délicieux !

Puis il fait une grande visite de l’île à pied et se remplit les yeux de cette très belle île...

Pascal traîne toujours la patte à cause de son opération du tendon ….

Sur cette jolie petite île, nous faisons connaissance de l’équipage du voilier Relance et de Nhat, grand cuisinier, avec qui nous passons des moments très agréables.

MADÈRE (Caniçal : Marina Quinta do Lorde) :

Le 22 mai, nous reprenons la mer pour Madère. 25 M qui auraient pu être une promenade de santé mais qui s’est terminé en apothéose avec panne moteur (impuretés dans le réservoir) et remorquage par les marineros de la marina de Quinto da Lorde (de vrais pros !!). Le vent de Nord est toujours bien établi à 20-25 N et n’a fait que forcir au fur et à mesure que l’on s’est rapproché de Madère et que l’on a contourné la pointe Est de l’île. On aurait dû prendre un ris, pour ne pas se retrouver dans la semoule (citation de Nhat !)!! C’est avec plus de 30-35 N de vent et sans moteur qu’il faut affaler et préparer le remorquage …. un peu de tension à bord !!!!

Nous restons 9 jours à Caniçal (Quinta do Lorde). Il fait plutôt froid pour une île en partie tropicale… Yves revient à Lyon (où il va enfin pouvoir faire la connaissance de son petit fils né il y a quelques jours !) et nous accueillons Françoise et Jean-Luc pour la suite du périple. Cette belle marina du bout du monde fait partie d’un complexe hôtelier haut de gamme mais sans clients !!! Nous louons une voiture et visitons cette île merveilleuse aux climats et végétations extrêmement riches et variés. Les gens sont très gentils et on se gave de poissons frais (cru en sashimi, à la tahitienne) : espada (long poisson noir des profondeurs avec des dents acérées qui est une spécialité locale…), thon, espadon, …. La cuve à fioul est entièrement vidée et nettoyée. Il y a de la rouille et des fragments de SIKA dans le fond !!!…. On repart donc avec une cuve nickel chrome et un joint ad hoc !! On découvre qu’elle est en résine (pas de risque de corrosion !!) contrairement à ce qu’on nous avait dit auparavant. Les filles passent leur temps sur la plage dans l’eau ou à bronzer … bref la belle vie.

Il y a du soleil mais le fond de l’air est frais.

Pascal fourbit sa canne pour la pêche à la traîne lourde …… l’équipage compte sur lui pour assurer la continuité de l’approvisionnement en poisson frais.

Il est légèrement handicapé par son genou et une tendinite à l’épaule qui le taraude depuis 2 ans …. Mais il attend quand-même « ZE »ESPADON façon « vieil homme et la mer » , lors de sa prochaine virée en mer !!!

Nous attendons la bonne fenêtre météo pour aller sur Agadir. Il est prévu de quitter Madère le lundi 1 juin pour aller mouiller aux Iles Désertes 2 nuits (séjour possible jusqu’à 48 heures), avant de mettre le cap sur Agadir mercredi matin. On espère voir des phoques et autres mammifères marins. Nous garderons l’annexe gonflée à l’arrière jusqu’aux Iles Désertes ….. nous la rangerons pour la traversée vers Agadir.

Joana nous donne numéro de permis de mouiller aux îles avant de partir.

LES ILES DESERTES ...

Nous partons de Madère lundi comme prévu vers 11h00 avec un vent tourbillonnant qui pousse, lors de la manoeuvre, LERINA contre la pointe d’une panne heureusement bien protégée. L’annexe frotte légèrement contre le pilier du quai mais on s’en tire sans encombres ni dégâts, le barreur n’a rien vu !!

C’est avec un ris et quelques tours dans le génois que nous mettons le cap vers le Sud vers les Iles Désertes. Le vent du Nord forcit au fur et à mesure que nous avançons le long de la grand falaise de l’Ile Grande pour rejoindre le seul mouillage disponible auprès du refuge qui abrite les deux gardiens des iles (les seuls habitants de cet endroit magique qui restent 2 semaines en veille avant d’être relevés et de regagner Madère. Nous espérions voir des phoques mais hélas ils ne viendrons pas nous voir. Nous prenons la bouée orange (il y a 3 bouées dont une bleue, réservée pour le zodiac des gardiens) bien près de la falaise, ça fait un peu peur ! La nuit est très ventée et la protection de la houle est atténuée à marée haute quand les hauts fonds disparaissent …. Nous avons péché deux petits maquereaux à la traîne légère en route et les dégustons maintenant en sashimis délicieux ….

Jean-Luc et Françoise vont à terre rencontrer les gardiens qui leur parlent de leur travail et de leur vie. L’île est envahie de chèvres qu’on entend et qu’on voit sautiller de rocher en rocher…

Puis , route vers Agadir :

Nous repartons dès le lendemain matin après avoir dégonflé l’annexe et l’avoir replié sommairement sur la plage arrière. L’heure de départ est calculée pour arriver avant la nuit à Agadir (après 3 jours et 2 nuits de navigation) et 6-7 N de moyenne !!!

La météo prévoit 20 N de vent très constant et la houle doit être assez creusée et dans le sens du vent (3-4 m).

Nous passons péniblement la pointe sud de la Petite Ile et prenons très vite la mesure de ce que sera la traversée. Nous décidons d’ariser la GV et d’enrouler le génois pour bien stabiliser le bateau ….. Le pont et le cockpit sont régulièrement recouverts par la crête des vagues qui vient se briser sur le bateau mais LERINA avance bien sans broncher. Nous mettrons 60 heures pour couvrir les 360 miles qui nous séparent de notre destination finale. Françoise et JL ont quelques difficultés à s’amariner mais globalement ils ne seront pas trop mal à l’aise. On constate vite l’entrée d’eau par les hublots avant du cockpit, en permanence recouverts par l’eau de mer. Les placards, les coussins du carré, les couvertures sont rapidement trempés côté bâbord !! La première nuit est tranquille grâce à GABY qui pilotera le bateau jusqu’à notre arrivée. La deuxième sera plus chaude avec la rencontre de cargos qui ne répondent pas à la VHF et refusent de se dérouter …

AGADIR :

L’arrivée sur Agadir est faite finalement après une journée plus tranquille que les 2 premières avec une mer plus plate et un vent qui nous permet de sortir toute la toile. On frôle alors les 11 N par moment. Le fameux cap Ghir nous ramène rapidement à sa réalité avec de violentes rafales qui couchent LERINA et nous forcent à réduire la voilure avec les difficultés induites par le vent….. Nous arrivons finalement à la marina de nuit vers 23h, attirés par la côte dont émanent les senteurs de cuisine aux épices. C’est après près avoir rencontré 2 chalutiers fantômes sortis de nulle part juste devant nous et grâce à un marinero qui nous montre notre place avec une lampe pas plus forte que la flamme d’un briquet que nous touchons enfin terre !! Corinne est à la barre, crispée, sans aucune visibilité, les équipiers essaient de la guider tant bien que mal et on aborde finalement un catway dont il manque quelques silent-blocks et sur lequel on n’a pas plus d’équilibre que sur un fil ….. bref, l’amarrage est périlleux ! Après un bon plat de nouille et quelques canons, tout le monde se couche ; l’officier de police présent à notre arrivée ( !?) nous annonce que les autorités viendront le lendemain et que nous sommes consignés à bord jusqu’à l’accomplissement des formalités (douane, police, affaires maritimes) qui se passeront finalement dans la joie et la bonne humeur.

LERINA est amarré à Agadir pour tout l’été jusqu’en septembre.

Commencent alors la découverte de la ville d’Agadir et de ses charmes, les rencontres avec des équipages de bateaux en transit vers les Canaries et que nous rencontrerons peut-être plus tard (BABA, VELVET, …) aux Canaries ou aux Antilles, avec Habib , le voisin, qui n’est pas avare de ses conseils et de son aide, avec Samir, Myriam et tout le personnel de la marina.

La marina d’Agadir a été détruite par une tempête et se « reconstruit » doucement ….. il n’y a de l’eau et de l’électricité que sur une panne (il faut donc de longues rallonges), mais tout se passe dans la bonne humeur. « La gentillesse ne coûte rien et pourtant elle achète tout » comme on dit à Agadir. Les sanitaires de la marina sont sommaires mais utilisables.

Agadir nous accueille avec quelques gouttes de pluie, jaune (le sable du Sahara !) !! Le matin, le ciel est généralement voilé et le soleil cogne fort l’après-midi. Les nuits sont plutôt fraiches.

Nous refaisons les joints de tous les hublots et panneaux de pont avec Jean-Luc avec du SIKA acheté chez CICA au centre d’Agadir à proximité du grand souk où on trouve tout ce dont un bateau peut avoir besoin !!! …. LERINA devrait être enfin étanche. Youssef nous aide à replacer le presse étoupe qui avait été mal posé. Cela donne quelque répit à la pompe de cale que l’on a très souvent entendue entre Madère et Agadir. On commande un taud pour chaque bôme pour protéger le pont des UV et l’intérieur du bateau de la chaleur. On dessale les voiles et l’annexe que l’on plie soigneusement et roule dans sa housse ….

Pascal se remet doucement d’une chute dans le carré au cours de laquelle il a percuté un meuble de la cuisine avec son genou fraîchement opéré !!! Pas de chance !! Bilan : genou enflé, difficultés à marcher ….. un été de remise en état en perspective !!

La vie à la marina est rythmé par le vrombissement des moteurs des bateaux qui emmènent les touristes pour quelques heures de ballade (on les met à chauffer vers 8h00 du matin pendant quelques minutes), par les jeux de Lio, le chien de Mustapha, qui le fait courir sur les pontons tous les matins, par le bruit des jet-skis qui fourmillent dans la baie.

Pour ceux qui veulent laisser leur bateau au Maroc et rentrer en France, il faut bien anticiper les formalités à accomplir auprès de la douane (bureaux situés tout au bout du port de commerce) ; il faut bien s’y prendre 2 à 3 jours avant le retour en France, muni de tous les documents nécessaires …. Pascal l’apprendra à ses dépends et devra décaler son premier retour en France de 2 jours !!

Pascal est revenu 15 jours fin juillet-début aout pour vérifier que tout allait bien . A chaque retour de France, c’était un pauvre LERINA, tout jaune, recouvert d’une épaisse couche de poussière du désert qui l’attendait. Les tauds et les voiles garderont longtemps cette belle coloration ocre.

Retour de Pascal et Corinne mi-septembre pour visiter un peu ce côté du Maroc avant le grand départ pour les Canaries et la suite de l’aventure… Dans la petite agence de voyage au-dessus de la marina, dont nous sommes devenus des habitués, nous programmons une visite de deux jours avec chauffeur et guide jusqu’à Marrakech… Nous n’avons malheureusement pas le temps de partir plus longtemps. Nous visitons donc principalement la colorée Marrakech et le joli port fortifié d’ Essaouira où Jack Sparrow en personne nous attendait !).

L'activité regne au port de pêche d'El Essaouira...